Quantcast
Channel: Vielsalm et ses environs
Viewing all 181 articles
Browse latest View live

Dans l'Organe de Vielsalm, il y a bien longtemps

$
0
0
On lit dans l’Organe de Vielsalm


du 25 juillet 1909 : la Cour d’assises de Trêves a condamné à mort Breuer qui, il y a quelques mois, avait lâchement assassiné Mr Mathonet de St-Vith.


du 3 juillet 1910 : le chien du cantonnier Dufourny a été écrasé vendredi par le vicinal en face de la maison Rausens [actuellement Mullen à côté de la Place de Salm, voir la photo d’époque] à Vielsalm.


du 10 juillet 1910 : un club cycliste est en voie de formation en notre ville. Nous engageons nos jeunes à s’inscrire et nous formons des vœux pour voir à Vielsalm une forte société de sport. Il va sans dire que toute question politique sera écartée et que le seul but des organisateurs est le sport et l’athlétisme.


Le sport colombophile est, quant à lui, entaché d’une fraude de plus. Le sieur X qui occupait une place en vue dans la société  Le Ramier vient de se faire prendre en flagrant délit au local même au moment où il enlevait les bagues à ses pigeons avant de les enloger. Il faut savoir que les pigeons sont bagués à la société avec une bague en caoutchouc numérotée que l’on constate à la rentrée du pigeon. C’est grâce à M. Jean Kaiser, un dévoué commissaire, que l’on doit la découverte de la fraude qui aurait pu durer encore longtemps. L’amateur indélicat a évidemment été exclu de la société sine die.


du 24 juillet 1910 : un aliéné de la colonie de Lierneux s’est échappé lundi en trompant la surveillance de son gardien et a gagné la voie ferrée qu’il a suivie de Rencheux à Trois-Ponts sans être inquiété par les ouvriers de la voie qui prirent le fou, bien habillé, pour un surveillant ! En gare de Trois-Ponts, il tenta de prendre un coupon pour Bruxelles en disant qu’il n’avait pas d’argent : il fut éconduit puis gagna Stavelot où il logea avant de pénétrer dans le train vers Trois-Ponts pour regagner la colonie ! Son gardien, prévenu, arriva pour l’accompagner mais le fugitif tenta alors de se jeter par une portière alors que le train roulait. Il en fut empêché par son gardien et des voyageurs et réintégra la colonie.

Quelle affaire !


A Burtonville, M. N. Grolinger, brigadier des douanes en congé de maladie pour cause de neurasthénie a disparu de son domicile depuis samedi dernier le  16 alors qu’il voulait se rendre à Rogery. Le soir du 19 il n’était pas encore rentré. Une battue organisée dans les bois n’a rien donné et les recherches faites par la police allemande avec des chiens sont aussi restées vaines. Voici le signalement du disparu : 1,62m, cheveux et moustaches grisonnants, figure ronde, yeux gris-bleues [sic], chapeau de paille grand format, gilet et veston gris clair, pantalon de coutil, col de caoutchouc droit, cravate noire, souliers ferrés. Le même fait s’est produit il y a une quarantaine d’années et la victime, un douanier également, n’a jamais été retrouvée. On a toujours supposé que le malheureux avait été  enlisé dans les fagnes de Bechfat [sic].


A Lierneux, deux vaches ont été foudroyées dimanche dernier dans une pâture pendant l’orage qui s’est déchaîné sur notre contrée.


du 23 juillet 1911 : le bruit circule que le Gouvernement serait intentionné de démolir une partie du presbytère, de la maison Sépult et du mur de clôture de l’église pour élargir la route à cet endroit. Sous toutes réserves !


                                                                               Robert NIZET




Le château de Hermanmont

Dans l'Organe de Vielsalm, il y a bien longtemps

$
0
0
L’Organe de Vielsalm nous tient au courant de toutes  les petites nouvelles du coin :


Le 21 juillet 1912 : Notre sympathique G. Paquay vient de remporter une médaille d’or et un diplôme d’honneur à la course de régularité pour motocyclettes Paris-Liège.


Le 27juillet 1913 : les coureurs indépendants du Circuit provincial organisé par le vélodrome de Jupille et le comité des fêtes d’Ayeneux traverseront notre localité lundi prochain vers 1h de l’après-midi.


Le 26 juillet 1914 : A Grand-Halleux, au Vélodrome de la Salm, des courses ont eu lieu le 19 écoulé sous les applaudissements frénétiques d’une foule passionnée et avec le concours de la société de fanfares. Classement de la première course : 1er : Lanuit, 2ème : Jeunejean, 3ème : Gilson, tous de Grand-Halleux, 4ème : Hoffmann de Rencheux, 5ème : Baccus de Grand-Halleux.


La nécrologie nous apprend que jeudi dernier ont été célébrées les funérailles de Constant Paquay. Une foule énorme y assistait, preuve certaine de l’estime acquit [sic] par le regretté défunt.


Le 9 juillet 1933 : Sur le circuit de Stavelot-Francorchamps se courra dimanche le Grand Prix de Belgique vitesse automobile. Le départ sera donné à 13h et les concurrents devront boucler 40 fois le circuit. Seront en présence la Maserati de Zehender, les 4 Bugatti de Varzi, Williams, Dreyfus et Lehoux, les 5 Alfa-Roméo de Nuvolari, Wimille, Markewich, Chiron et Moll.

Cette liste d’engagés ne correspond pas tout à fait à la grille de départ figurant dans les livres de références.


A Vielsalm, le vendredi 7 juillet vers 11h30 Alexandre Claude pêchait au ruisseau près de l’étang du Baron de Rosée au Tienne Messe. De loin, il lui sembla apercevoir un baigneur dans ledit étang mais en s’approchant il se rendit compte que c’était un noyé. Il s’agissait en fait d’une femme en laquelle on reconnut vite Léa Gothal, épouse de Constant Putz, camionneur à la boulangerie Demoulin. Le corps était vêtu d’un pantalon blanc et d’un cache corset, comme pour le bain. Les vêtements étaient déposés dans la cabine au bord de l’eau. Comme elle vomissait de la nourriture on suppose qu’elle a voulu aller se baigner après son déjeuner et qu’elle a été prise de congestion. Âgée de 23 ans, elle était mariée depuis 4 ans et n’avait pas d’enfant.


Le 1er juillet 1934 : le meunier François Heinskyll de Regné a été découvert mort, lundi, dans son moulin. Ce moulin est en construction et seule la roue motrice est montée. Le cadavre était au fond du trou de cette roue et portait plusieurs plaies béantes. On se perd en conjecture sur cette mort qui paraît étrange.


Le 8 juillet 1934 : vendredi après-midi un pénible accident est survenu sur le tronçon de la route en réfection devant la propriété  Misson. Un cycliste, M. Renard de Rencheux, s’était engagé dans le couloir déjà réfectionné lorsque la camionnette de M. Caëls de Rencheux survint par derrière et heurta le cycliste qui fut violemment projeté sur la chaussée. Il fut promptement dirigé vers la clinique de Trois-Ponts : on craint une fracture du crâne.


A Ville-du-Bois, vendredi dans l’après-midi, Melle Remacle  était allée traire dans les champs. Les vaches rendues furieuses par le chien qui l’accompagnait se lancèrent sur elle et s’acharnèrent. Aux cris poussés par la victime, des personnes travaillant aux environs accoururent et eurent toutes les peines à la délivrer. Le docteur Misson, mandé, a réservé son diagnostic.

                                                                                                                                                                                                     Robert NIZET



La scierie et le moulin de Vielsalm

Le moulin Clotuche à Gouvy

Le moulin Crismer à Trois-Ponts

Le Berger d’Arbrefontaine

$
0
0


De tous temps les berges ont eu la réputation d’être magiciens. Peut-être vous demandez-vous si la vie contemplative et méditative qu’ils mènent à travers champs leur a valu cette renommée. Je ne le crois point et j’en chercherai le motif dans un tout autre domaine.
Les herdiers avaient dans leurs attributions le devoir de soigner le bétail. Or, autrefois, les maladies qui frappent les mortels sans égard à la force ou à l’âge, étaient tenues pour diaboliques. Les pâtres qui connaissaient les vertus des simples et savaient les appliquer avec succès, étaient considérés comme possédant un pouvoir surnaturel.
En Wallonie, les traditions populaires ont conservé dans les contes, le souvenir du berger-magicien, type et symbole de l’espèce, qui dans le Condroz s’appelle Bèlem, en Hesbaye Paquai-Hawî, à Theux Brièmont, à Mont-sur-Marchienne David.
Le berger d’Arbrefontaine n’était pas un de ces êtres mythiques dont les aventures défrayaient les conversations lors des veillées. Il vivait il y a trois quarts de siècle et se nommait Gilles-Joseph Marquet.
Voici son signalement, tel que le décrit le passeport pour l’intérieur de la Belgique, délivré par le maïeur d’Arbrefontaine le 30 décembre 1863 :
« Agé de 57 ans. ― Taille 1 m. 70. ― Cheveux châtains. ― Yeux gris. ― Nez petit. ― Bouche moyenne. ― Barbe châtaine grise. ― Moustache néant. ― Menton rond. ― Visage ovale. ― Teint ordinaire. ― Corpulence forte. ― Signes particuliers : néant. »
Malgré l’imprécision de certains termes, ces détails permettent néanmoins de reconstituer la silhouette du herdier.
Marquet passait pour le plus grand sorcier de son époque et on lui attribuait le pouvoir de se métamorphoser en animal ou en arbuste comme il le voulait. Témoins ces exploits dont les annales villageoises ont conservé le souvenir.
Marquet avait un frère. Un soir, celui-ci regagnait son logis d’un bon pas. Soudain il ouit distinctement derrière lui le pas d’un cheval. Il gagna le bord de la route et s’arrêta pour laisser passer le coursier. Mais il eut beau scruter l’ombre, il ne découvrit point l’animal. Il reprit sa marche et ne tarda pas à franchir le seuil de son habitation. Quelques instants après, Gilles-Joseph rentrait à son tour.
Plusieurs fois encore, le villageois entendit ce cheval fantastique dont le trot lui causait une certaine inquiétude. Il fit part de ses appréhensions à Gilles-Joseph qui le rassura : « Soyez tranquille, je vous assure que le bayard ne viendra plus vous ennuyer. »
Effectivement le bidet ne troubla plus les retours du brave campagnard. Mais un jour, en arrivant au Magéru, il croisa un chien énorme au poil très noir et dont les yeux brillaient comme des escarboucles. Le mâtin se dirigea vers le journalier en grognant et en montrant des crocs inquiétants, le frôla, puis disparut derrière une haie. La rencontre n’était pas plus agréable.
Le lendemain, le frère de Gilles-Joseph regagnait sa chaumière content d’avoir cheminé sans mésaventure. Comme il arrivait au croisement de la route qui conduit à Wanne, le chien surgit et fit mine de foncer sur lui. Notre homme fit un écart pour l’éviter et continua à marcher en tremblant.
En voyant sa mine défaite, le berger lui demanda ce qui causait son tourment. Marquet se plaignit derechef du chien. Gilles-Joseph eut pitié de son frère : « Munissez-vous d’un solide rondin et le chien n’osera plus vous approcher, je vous le garantis ! » Le remède était facile à employer : le paysan le suivit à la lettre et il fut ainsi délivré des vexations de l’esprit malin.
Une autre fois, le herdier se rendait au marché de Stavelot, en compagnie d’un habitant d’Arbrefontaine. Tout à coup Gilles-Joseph prétexta un besoin urgent. Il sauta dans le taillis voisin, abandonnant son compagnon au milieu de la chaussée. Celui-ci, en l’attendant, résolut de se tailler une canne. Il avisa une souche bien vivante et s’apprêta à couper une branche très droite. Quelle ne fut pas sa stupéfaction d’entendre le buisson lui dire : « Ne m’élaguez point ce rameau, vous m’amputeriez du pouce ! » C’était encore un bon tour que lui jouait le berger.
Mais la célébrité du pâtre s’étendait bien au-delà de son clocher et de son canton. L’un de ses titres de gloire fut d’avoir été consulté par Léopold Ier. Les chevaux du roi crevaient tous frappés par un mal inconnu, dont les vétérinaires les plus habiles ne parvenaient à déterminer pas plus l’origine que l’antidote. Le pasteur fut appelé à Bruxelles pour examiner le cas. Par qui fut-il mandé ? Ne détruisons point par des questions indiscrètes et d’ailleurs insolubles l’auréole de la légende. Est-ce à cette occasion que le sorcier obtint le passeport dont j’ai parlé plus haut ? Quoi qu’il en soit, Gilles-Joseph visita minutieusement les écuries du palais royal, puis la nuit venue, il demanda à s’y enfermer seul. Dès que parut l’aube claire, on se hâta de lui demander le résultat de ses constatations. Mais Marquet hocha la tête et ne voulut rien dire. La nuit suivante, il recommença son manège et le matin, on le harcela de nouvelles questions. Il répondit de la même façon. On commençait à douter du pouvoir de l’Ardennais. Tout paraissait démontrer que sa réputation était surfaite. Une troisième fois, il se verrouilla dans l’écurie. Le lendemain, il sortit du bâtiment hirsute, congestionné, ruisselant de sueur. En le voyant, on devina qu’il avait dû se passer des choses extraordinaires. Le berger annonça d’un air vainqueur : « Je tiens la clef du mystère. » Et il raconta qu’un « général de la cour » se transformait en couleuvre, injectant son venin aux chevaux qui mourraient bientôt. Gilles-Joseph réclama l’éloignement de l’officier, ce qui lui fut accordé. Dès lors les chevaux n’eurent plus à souffrir de maléfices.
Malgré toute sa science, le berger ne parvint pas à prolonger sa propre existence. Après son trépas, sa femme s’en alla habiter Stavelot, auprès de sa belle-sœur et de son beau-frère que le berger avait tourmenté jadis. Pour toute fortune, la veuve amenait avec elle un coffre très lourd, fermé par deux serrures. Les parents s’informèrent du contenu de ce bahut. La vieille se borna à répondre qu’il renfermait quelques cuillères en argent sans importance. Cette huche intriguait l’hôte. Profitant d’une absence de sa belle-sœur, il crocheta les verrous et l’ouvrit. Grande fut sa surprise : Le coffre était rempli de pièces d’or. Il s’empressa de remettre le tout en ordre, en ayant soin de ne toucher à rien. Les pratiques magiques auxquelles se livrait le herdier l’avaient  toujours effrayé. Ignorant d’où provenait cet or, mais lui attribuant une origine diabolique, il préférait ne point en distraire la moindre parcelle.
S’entendant mal avec ceux qui l’avaient recueillie, la veuve retourna à Arbrefontaine, en emportant son précieux bahut.
Elle s’installa dans une chaumine presque en ruine, croupissant dans une affreuse misère. Elle décéda dévorée par la vermine. Le lendemain de sa mort, le feu prit à sa bicoque et la consuma. On accusa son défunt mari de s’être ainsi assuré la propriété du corps de sa compagne. Le frère du pasteur fouilla les décombres et à la place où se trouvait le coffre, il découvrit deux lingots d’or dont il n’eut garde de s’approprier.
Lors du décès du pâtre, le frère Marquet s’était emparé des livres de sorcellerie dans lesquels le disparu avait puisé son savoir. Le clergé de Stavelot, craignant la propagation de pratiques superstitieuses, fit plusieurs démarches pour se faire remettre les bouquins mystérieux. Malgré les offres les plus alléchantes, le rustre s’obstina à refuser toute cession, craignant sans doute que le berger ne lui jouât quelque tour d’outre tombe. Comme les prêtres insistaient, l’Ardennais têtu résolut de mettre les grimoires en lieu sûr, pour déjouer toute surprise. A la nuit close, il creusa un trou très profond dans son jardin et y enfouit les volumes. Vers la fin de sa vie, il voulut retirer les fameux livres qui avaient suscité tant de convoitise. Il fit de nombreux sondages à l’endroit où il les avait enterrés. Hélas ! il ne parvint pas à en recouvrer le moindre vestige. Une croyance populaire affirme que tout objet confié à la terre est immédiatement saisi par le diable. Le bonhomme en conclut que Satan avait été ravi de rentrer en possession du précieux dépôt, et cette déduction le convainquit une fois de plus des accointances de son frère avec l’enfer.
Les multiples exploits du berger d’Arbrefontaine animent encore aujourd’hui les récits des vieilles gens. Lorsque les terriens de cette région se trouvent dans une situation embarrassante, ils déplorent de ne pouvoir consulter le herdier. Et leurs regrets s’expriment en ces termes : Ki n’estangn’ co à timps dè vî berdjî !



G. Laport, dans L’Amblève Légendaire, 1931.

La légende de la fontaine Saint-Gengoux de Vielsalm

$
0
0
Au temps d’autrefois
La légende de la fontaine Saint-Gengoux de Vielsalm

Qui se souvient encore de la fontaine Saint-Gengoux à Vielsalm ?
Elle se trouvait dans le talus de la propriété de Saincay, en face de la petite chapelle bâtie vers 1930, dite également de « Saint-Gengoux ». (Ce n’est donc pas la fontaine actuelle près de la chapelle).
Elle avait autrefois grande vertu, constituant d’ailleurs pour Vielsalm la source d’eau potable la plus rapprochée de la localité.
Une légende y était attachée.
De vieux papiers nous l’ont rapportée telle que l’avait recueillie feu Joseph Hens, de Vielsalm.
La voici dans son texte wallon et sa traduction française.

Saint Djingou èstût on grand guèrier.
On d’joûr à l’guère, tot s’lèvant â matin, i trova ses sôdârts qui pleurint d’sû.
I n’y avût qu’on soûrdant o payîs et c’estût les innemis qu’ènne èstint maisses.

On les oyût rire d’â lon et is s’amûzint à s’tapî d’lèwe.

Saint Djingou d’ha à ses sôdârts : « Si vos m’voloz esse fidèles al grande bataye qui va v’ni, vos âroz d’lèwe tant v’vôroz ».

Les sôdârts promètint.

Saint Djingou les quita et, on pauk après, i l’vèyint rivni.

I rapwèrtût l’soûrdan so s’dos ènn’ine hotte di pîre.

I buvint à leû sû, èt l’innemi fout batou com mây’n n’avât èstou.

Qwand i rivna â payî, saint Djingou planta l’hote, avou l’fontinne divins, wi-ce qu’on l’trouve todis.

Ons y pout pûhi tant qu’on vout : l’èwe dimanant todis à l’minme hauteur.

Li brâve saint èstut rivni â payis po viki tranquile, mins s’feume ni lî lèyût nin.

Qwand qu’il èstint o lit, èle lî r’provût d’âlî avou des ôtes… Qui sîs-dje ? des miséres di feumerèyes !

Mins l’pus bê d’hiswère, c’est qu’cèstût lèye qui l’trompû ! Et  l’bon saint Djingou l’savût !...

Al longue, i faliha.

Ine feye qu’èle rikminçût co, saint Djingou li d’ha: “Dji fais sèrimint qui dji v’sèrè todis fidèle. Fizoz l’minme sèrimint ! »

Li mâle kimére lèva les deûs dûs…

Pinsant, tot l’sibérant, li fére riknohe qu’èle mintût, nosse saint lî d’ha : « Nos alans alî à m’fontinne et nos î trimp’rans chascune on brès : s’i gn’a onk des deûs qui fait on fâ sèrimint, il ârès l’brès cût disqu’a l’sipale ! »

Il alint al fontinne, et l’feume hardimint tchôqua si brès o l’èwe. Mins èle li r’tira do minme côp tot criyant : èle l’avût tot cût, tot broulî…

Po s’vindgî, èle fiza towé si ome di s’galant : ci-chal lî spiya les djambes, et l’achèva d’on côp o l’tièsse.

Et vola poqwè on va priyî Djingou à l’fontinne po les mâs d’ûs (à câse des sôdarts qui pleurint) et les mâs d’djambes (les djambes do saint spiyîes). Et qu’les djonès djins qui s’promètet marièdje y vont trimpî leûs mains.


Traduction :

Saint Gangulphe était un grand guerrier.

A la guerre, un matin en se levant, il trouva ses soldats qui pleuraient de soif.

Il n’y avait qu’une source dans le pays et elle était en possession des ennemis.

On les entendait rire de loin et ils s’amusaient à se jeter de l’eau.

Saint Gangulphe dit à ses soldats : «  Si vous voulez m’être fidèles à la prochaine grande bataille, vous aurez de l’eau à discrétion ».

Les soldats promirent.

Saint Gangulphe les quitta et, un peu après, ils le virent revenir.

Il rapportait sur son dos, la source contenue dans une hotte de pierres.

Ils burent suivant leur soif, et l’ennemi fut battu comme il ne l’avait jamais été.

Quand il revint au pays, saint Gangulphe planta la hotte contenant la source, à l’endroit où elle se trouve toujours.

On peut puiser tant qu’on veut : l’eau reste toujours au même niveau.

Le brave saint était revenu au pays pour vivre tranquille, mais sa femme, ne l’y laissait pas.

Lorsqu’ils étaient au lit, elle lui reprochait d’aller avec d’autres… Que sais-je ? des misères de femmes !

Mais le plus beau de l’histoire, c’est que c’est elle qui le trompait, et le bon saint Gangulphe le savait !

A la longue, il s’énerva.

Une fois qu’elle recommençait encore, saint Gangulphe lui dit : « Je fais le serment que je vous ai toujours été, que je vous suis et vous serai toujours fidèle. Faites le même serment ! »

La mauvaise commère leva les deux doigts (prêta serment).

Pensant, en l’effrayant, lui faire reconnaître qu’elle mentait, notre saint lui dit : « Nous irons à ma fontaine et nous y tremperons chacun un bras : si l’un des deux a fait un faux serment, il aura le bras cuit jusqu’à l’épaule ! »

Ils allèrent à la fontaine, et la commère, hardiment, plongea son bras dans l’eau. Mais elle le retira, du même coup en criant ; il était tout cuit, tout brûlé.

Pour se venger, elle fit tuer son homme par son galant : celui-ci lui brisa les jambes et l’acheva d’un coup à la tête.

Et voilà pourquoi on va prier saint Gangulphe à la fontaine pour les maladies des yeux (à cause des soldats qui pleuraient) et les maux de jambes (les jambes du saint brisées) et que les jeunes gens qui se promettent le mariage y vont tremper leurs mains.


Extrait de la carte de Ferraris, vers 1770.

Fontaine miraculeuse donc, à l’eau bienfaisante, disait-on contre les maladies d’yeux, les rhumatismes et révélatrice de la sincérité des amoureux.

Depuis l’installation d’une conduite d’eau à Vielsalm, l’abandon a frappé la fontaine.

Aujourd’hui peu à peu comblé par les éboulements du talus, son emplacement reste à peine visible.

Et les amoureux ne vont plus, comme jadis, plonger leurs mains dans la hotte sacrée pour démontrer la loyauté de leurs serments.


Anonyme (01.12.1957)




La fontaine Charles Legros s'offre un nouveau lifting

La chapelle Saint-Gengoux, un patrimoine salmien à l'abandon

Goronne: Maison Maréchal

Dans l'Organe de Vielsalm, il y a bien longtemps

$
0
0
La lecture de  L’Organe de Vielsalm nous apprend les petites nouvelles, les accidents et les drames suivants :


Le 12 août 1906 : lundi prochain sera donné le départ du 5èmeCircuit des Ardennes qui sera couru sur le tracé de 1902 : Bastogne, Longlier, Offaing, Léglise, Anlier, Habay la Neuve, Corne du Bois des Pendus, Martelange, Bastogne, soit 85 ,714km à effectuer 7 fois.

L’Américain Arthur Duray remportera l’épreuve sur sa de Dietrich à la moyenne de 106,5km/h

Le départ des coureurs cyclistes inscrits dans le Tour de Belgique a eu lieu lundi dernier place de Brouckère à Bruxelles. Les courageux cyclistes venant de Dinant sont passés mardi vers 2h à Vielsalm se dirigeant vers Stavelot et Spa.

Jeudi dernier a eu lieu à Angleur le mariage de Melle Louise St-Paul de Sinçay avec M. le prince Albert de Ligne.

On annonce le décès au château de Vollezeele du baron de Steenhault de Warbeek, père de M de Steenhault-Nagelmackers, maître d’équipage de la chasse à courre de Vielsalm.


Le 4 août 1907 : à Beho, Monsieur l’Abbé Simon, curé, vient d’obtenir la décoration spéciale agricole. On ne dit pas pourquoi : peut-être avait-il un jardin de curé exceptionnel ?


Le 2 août 1908 : Hier à Bovigny, vers 11h, un chariot chargé de foin et appartenant au fermier J.J.S. flambait près de l’église à proximité du ruisseau longeant la route : l’eau abondante a permis à l’attelage de sortir indemne de l’aventure. Mais durant la nuit, le feu a vraiment réduit en cendre la maison des enfants Barbay située non loin du premier incendie. Tous étaient plongés dans le sommeil et s’en sont tirés in extremis. Beaucoup de Bovignois [sic] n’ont même rien entendu !


Le 9 août 1908 : Toujours à Bovigny, le parquet de Marche accompagné de médecins légistes a procédé  jeudi dernier à une descente de lieux pour indaguer au sujet de la mort d’un nommé Grandjean, piocheur au chemin de fer, survenue d’une façon tout à fait inconnue. On ignore les suites de l’enquête.

Encore et toujours des incendies ! Cette fois c’est à Mont qu’un incendie d’une extrême violence s’est déclaré : trois maisons complètement détruites.

Non loin de la fameuse cascade de Coo, un jeune pêcheur, M. Philippe fils, a capturé un brochet de 80cm de long pesant 3,700kg. Ce « requin  » de nos rivières a dû faire un beau festin de truites pour arriver à cette taille.

A Salmchâteau, des malandrins se sont amusés vendredi soir à changer les aiguilles de la ligne du vicinal Vielsalm-Lierneux. Grâce au sang -froid du mécanicien, une catastrophe a pu être évitée. L’incident se borne à des bris de rails.


Le 7 août 1910 : Noyade à Trois-Ponts : la petite Sch. âgée de 7 ans rinçait une pièce de linge à la rivière lorsqu’elle fit une chute dans l’eau et descendit le courant de celle-ci. On la repêcha 50 m plus loin. Il était midi et l’enfant venait de dîner : elle respirait encore lorsqu’on la retira de l’eau mais elle ne tarda pas à rendre le dernier soupir.

Et à La Roche : trois femmes de cultivateurs, les épouses Henry, Grandjean et Fulbert, se trouvaient occupées vers 5 h à rincer du linge dans la Chier à quelques distance de la commune de La Roche. Soudain, la planche sur laquelle elles se trouvaient agenouillées se brisa et les trois malheureuses cramponnées aux jupes l’une de l’autre tombèrent dans la rivière. Le fils Grandjean voulant leur venir en aide tomba également dans l’eau et fut entraîné par le courant. Des charretiers qui passaient par là entendirent leurs cris et parvinrent non sans peine à repêcher sains et saufs la femme et le fils Grandjean. Les deux autres par contre furent retirées de l’eau, inanimées, l’une blessée à la tête, l’autre respirant à peine, les deux dans un état désespéré.

Un phénomène ! Mardi dernier la truie de la ferme de Mme Vve Dubois à Fraiture mettait bas une nombreuse progéniture. Un des petits était singulièrement conformé : sa tête était très normale mais à partir de là bifurquaient deux corps de sexes différents avec huit pattes parfaitement constituées. Le spécimen a été remis à l’université de Liège pour examen.


                                                                  Robert NIZET



« RENDEZ-VOUS SUR LES SENTIERS 2013 »

$
0
0
Premier rappel et précisions 

 Vous savez maintenant que la Commune de Vielsalm participe à ce rendez-vous avec l’opération de toilettage du chemin du Bonalfa et par l’entremise de la C.L.D.R. Les réactions à mon premier courriel/article ont été nombreuses et enthousiastes. Voici donc quelques précisions. Tout d’abord, deux associations importantes ont apporté leur soutien en invitant leurs membres à participer activement aux travaux : l’A.S.B.L. Val du Glain, Terre
de Salm et la Trientale. Je les en remercie d’ors et déjà. Ensuite, le mesurage du chemin a donné les résultats suivants : - Une première partie de 120 mètres qui n’est pas empierrée : l’a-t-elle jamais été ? Je pense que non car où serait passée la grande quantité de pierres nécessaires ? - La deuxième partie de 570 mètres commençant au poteau 48 du Sentier d’environnement : c’est la partie à toiletter. - Une troisième partie de 240 mètres a été recouverte de grenailles, peut-être par l’entrepreneur qui déverse des gravats à un endroit où l’on a abattu des hêtres. Nous ne nous en occuperons normalement pas dans un premier temps. Le travail des 19 et 20 octobre prochains consistera donc à racler, gratter et brosser l’empierrement sur 570 mètres. Si nous sommes cent, ça veut dire que chacun aura à nettoyer 6 mètres de chemin ! Que ceux donc qui ne l’ont pas encore fait bloquent ces dates dans leur agenda et préparent déjà pelles, pioches, grattoirs et brosses. Ils peuvent aussi - et c’est chaudement recommandé !- convaincre un ou deux amis, voisins ou parents à les accompagner. La photo jointe montre un mètre de l’empierrement nettoyé. 


 Robert NIZET 080/420959 0479/513584

 ronizetvielsalm@hotmail.com

L'ancienne gare de Grand-Halleux

Vielsalm: La villa du Chat


Arbrefontaine: La sortie de la messe

Limerlé

Glain et Salm, Haute Ardenne n°70 (mai 2013)

$
0
0


Sommaire
- V. GOMEZ, Souvenirs d’un exploitant de carrières et ancien bourgmestre de Vielsalm, (première partie) pp. 7-29.
- HONORÉ, Mémoires de guerre 1914-1918 à Vielsalm, pp. 30-41.
- M. PETERS, L’encadrement d’entrée à l’église de Beho : analyse, pp. 42-47.
- J.-F. GENDEBIEN, Dans les brumes du Lambiester auprès de la tombe de la marquise ( ?) de Contreras. Récit, pp. 48-51.
- J. DEPIERREUX, Les époux Lamort-Le Maire, leur mariage au domicile de la mariée et leur histoire, pp. 52-58.
- J. DETAILLE/ B. VAN EERDENBRUGH, Tranchées d’exploitation de sikèyes près de Mont Saint-Martin à Bovigny, pp. 59-63.

- B. MARENNE, Dommages de guerre à Bovigny, pp. 64-67.

- J. TOUBON, Un nouveau problème « frontalier » découvert en 2002, pp. 68-70.

- G. ANTOINE/H. D’OTREPPE, La peinture du retable danss la chapelle Saint-Roch de Renglez (Rettigny), pp. 71-73.

- J.-M. KOOS, Histoire du moulin Koos à Sart-Lierneux, pp. 74-79.

- J.-M. REMACLE/C. LEGROS/H. D’OTREPPE, De l’origine de certaines taques régionales, pp. 81-82.

- V.-d.-G., Les Grands feux, pp. 83-85.

- H. D’OTREPPE, « Tonnelet » en céramique découvert à Cierreux, pp. 86-87.

- Interview : Camille MARENNE, Souvenirs d’essartage, pp. 88-91.

- Changement d’aspect (Gouvy, rue de la Gare), pp. 92-93.

- Regard (barrières avec initiales d’Odon Warland aux Concessions), p. 94.

- Gens de chez nous ; F. THONUS, Adolphe Ratz, sergent fourrier, héros tombé le 8 avril 1915, pp. 95-97.

- M. STRUZIK, Service postal (enlèvement de la boite postale du village en 2012), p.98

- J. GATHOYE, « La merveilleuse »(dessoucheuse, brevetée par Louis DEHEZ, de Grand-Halleux), pp. 98-99.

- Décès d’Eric-Emmanuel Janssen, maître d’équipage honoraire du « Rallye Vielsalm » en 2012.

- C. GENDEBIEN, Retour de croix de schiste à Lierneux, pp. 99-100.

- V.-d.-G., Engreux : la croix des noyés. Précision, p. 101.

- L. D’OTREPPE, Salm, un nom exporté jusqu’au pôle Nord, pp. 101-102.

- M. ANTOINE, Le docteur Lomry, p. 109.

- G. LEJOLY, A propos de « dique », p. 109.

- Scierie Beaupain, p. 109.

- V.-d.-G., Deux « pierres » célèbres, pp. 110-111.

- Compléments à l’article Les Chalon d’Ardenne, pp. 111-115.


- L’entrepreeur Albert Halbardier (ouvrages bâtis), p.116.

Dans l'Organe de Vielsalm, il y a bien longtemps

$
0
0
Dans L’Organe de Vielsalm


Du 14 août 1910 : Samedi dernier, l’ouvrier ardoisier J. Muller de Neuville a aperçu au fond d’une ancienne fosse d’extraction le corps d’un homme : le cadavre relevé en présence de la Justice fut reconnu pour le dénommé Putz Fr. -Jos. de Bêche, marié et père de 8 enfants. On suppose qu’il se sera égaré et  tombé dans ce précipice d’une hauteur de 80 mètres. Son pied gauche était déchaussé et sa chaussette se trouvait à 10 m. du cadavre, le veston, manche droite retroussée, à 15 m. Le cadavre était complètement replié sur lui-même, la figure complètement enfoncée, jambe et bras droit cassés. La police a conclu à un accident.


Le 21 août 1910 : La myrtille, ce savoureux fruit forestier fait depuis quelques temps l’objet d’une très sérieuse et très lucrative exportation vers la capitale et d’autres grandes villes du pays. Nombre de familles pauvres trouvent dans la cueillette de cette baie un revenu supplémentaire qui, pour ne pas se chiffrer par des milles et des cents, représente néanmoins pour le budget du ménage un appoint qui n’est pas à dédaigner.


Le 20 août 1911 : À l’École moyenne de Stavelot, on extrait du palmarès le nom de quelques concitoyens qui se sont distingués pendant l’année d’étude 1910-1911 :

-à l’examen de sortie : François Gaston et Dussart Marcel, avec grand fruit, tous deux de Vielsalm ;

-2ème année d’études : Remacle Henri et Buy Henri , tous deux de Vielsalm;

-1ère année d’études : Théophile Malchaire de Neuville.


À Hébronval, un violent incendie s’est déclaré le 14 août chez M. Lejeune, maréchal ferrant. Le feu d’une violence inouïe a détruit le corps de logis, les écuries, les remises, une meule de foin et du bois de chauffage. Seul le mobilier du rez-de-chaussée a pu être sauvé grâce à l’initiative du commandant de gendarmerie des Tailles.


À Fraiture, un vol a été commis chez M. Léonard-Sevrin. Les escarpes ont enlevé une montre et une tabatière, valeur approximative 60 francs.


Le 4 août 1912 : Dimanche dans l’après-midi la voiture conduite par Mr Menu d’Argenteau a fait panache dans un des nombreux virages qui sillonnent la route de Vielsalm à Gouvy. Se trouvaient dans l’auto, outre le conducteur, son épouse et sa demoiselle et un couple d’amis. Recueillies par une auto de passage les victimes furent conduites à Gouvy pour recevoir les soins des docteurs Warland et Bozet. Mme Menu a succombé des suites de ses blessures.


Le 24 août 1913 : Le 31 août prochain, Salmchâteau-Villégiature fêtera sa fondation par des festivités dont le clou sera le corso fleuri à 3 h et le soir à 7h un cortège lumière qui parcourra les rues de la localité.

La formidable randonnée Liège-Paris-Liège (840km) avait réuni les 15, 16 et 17 derniers 92 concurrents. Notre sympathique camarade Georges Paquay a remporté le premier  prix en régularité, le premier prix en vitesse en palier [ ?] et le premier prix en vitesse en côte, ce qui lui donne le premier prix au classement général. Son équipe Singer enlève la coupe offerte par le Baron de Crawhez.



                                                                                         Robert NIZET

Entretien avec un archéologue

$
0
0


 Début août, un jeune archéologue m’a annoncé sa visite imminente dans la région de Salm afin d’y prospecter à la recherche de meules. Afin d’organiser au mieux son séjour, j’ai pris contact avec Henry d’Otreppe, président de l’ASBL Val du Glain, Terre de Salm, afin qu’il rassemble au musée du coticule des hommes de terrain pour aiguiller le chercheur sur les différents sites. Jean-Claude Duvivier, Joseph Clesse, les agents DNF envoyés par Jean-Pierre Offergeld, Bruno Van Eerdenbrugh et Alain Hanson se sont montrés particulièrement efficaces.

Georges BENOIT


Paul Picavet découvre une ébauche de meule.
Bonjour Paul Picavet. Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de « L’Annonce » en quelques mots ?

― P. P. : Bonjour. Je travaille depuis quelques années comme archéologue dans le nord de la France. Notre mission est de mettre au jour les sites archéologiques menacés par les projets d'aménagement du territoire, d'en étudier la stratigraphie et le mobilier, afin d'enrichir nos connaissances sur les périodes chronologiques concernées. Mon axe de recherche s'oriente vers les outils en pierre utilisés pendant la Protohistoire et l'Antiquité. La pierre étant très bien conservée au cours du temps, l'analyse de ces objets et des traces d'usure qui les affectent apportent beaucoup d'informations sur le geste effectué et sur la pratique d'activités artisanales et domestiques que nous ne connaissons plus dans notre société industrialisée. Les meules sont un des exemples les plus parlants de cet usage de la pierre que nous ne nous représentons plus. Utilisées quotidiennement dans l'Antiquité, elles sont présentes sur la majorité des sites fouillés, et sont le fruit d'un travail d'extraction et de façonnage démontrant un grand savoir faire.

Bruno, l'orpailleur, Paul, l'archéologue, et Alain, le géologue.
 Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à la région de Vielsalm ?

― P. P. : On retrouve des meules en arkose dévonienne, un grès grossier gris formé à l'ère Primaire, sur tous les sites gallo-romains du nord de la France. Habituellement, on situe leur fabrication à Macquenoise, sur la frontière franco-belge, où l'arkose affleure et a été exploité à grande échelle à la période romaine pour la fabrication de meules. Mais en faisant quelques recherches, je suis tombé sur le blog "Vielsalm et ses environs", où Georges Benoit republie les archives de la région. Plusieurs articles publiés par Gaston Remacle dans les années 1960 mentionnent la présence de grandes excavations sur les bancs d'arkose, où l'on peut observer des ébauches de meules circulaires. A l'époque, il ne sait pas les dater, mais suppose une exploitation d'époque romaine. D'autres ébauches de meules, en forme de grains de café, attirent aussi son attention, et indiqueraient une exploitation pré- ou proto-historique. Or, il se trouve que la roche d'âge dévonien qui affleure dans les environs de Vielsalm est géologiquement comparable à celle de Macquenoise. Mon but était donc d'observer cette roche sur site et d'en prélever des échantillons, afin de voir si les deux faciès sont similaires, à l’œil nu et microscopiquement. Nous travaillons pour cela avec des géologues.


Comment s’est déroulé votre séjour ?

― P. P. : Dès mon arrivée au musée du Coticule à Salmchâteau, j'ai été accueilli de façon inattendue et tout à fait exceptionnelle par les membres de l'asbl Val du Glain, Terre de Salm.  Ce groupe de passionnés et de spécialistes de disciplines diverses (géologie, nature, histoire...) a tout de suite montré son intérêt pour mes recherches. J'ai donc été accompagné pendant trois jours par ces personnes connaissant parfaitement le terrain, et qui ont pu me guider directement sur les sites que je souhaitais découvrir. Sans cette aide précieuse, j'aurais erré dans la forêt avec mes cartes en espérant trouver quelque chose de visible. 


Quelles sont vos premières conclusions ?


― P. P. : Allant au delà de mes espérances, le gisement s'est avéré gigantesque et nous n'avons pas pu parcourir l'ensemble des sites mentionnés dans les archives. Tout l'ouest de Salmchâteau reste à prospecter. Nous avons observé, dans les bois, d'immenses levées de débris rocheux entourant des fosses plus ou moins profondes, témoins d'une exploitation ancienne de la roche à grande échelle. Certains blocs esquissent une forme circulaire, parfois bien aboutie, et la perforation centrale de la meule est quelquefois entamée. Ces ébauches de meules, dont certaines sont exposées au musée du Coticule, dépassent 1 m de diamètre, et permettent de dater l'exploitation la plus visible du Moyen-Âge. Quelques indices évoquent cependant une exploitation antérieure, comme la présence de blocs circulaires de 60 à 90 cm de diamètre qui peuvent remonter à l'époque romaine, et celle de blocs dits "en grain de café" qui correspondent à des ébauches de meules "va-et-vient" de la Protohistoire (Néolithique ou âges des métaux). Ces exploitations plus anciennes semblent cependant avoir été oblitérées ou détruites par les exploitations plus récentes.

Viewing all 181 articles
Browse latest View live




Latest Images